Est-ce que le lait de vache serait une alternative au soufre en Champagne contre l’oïdium ??
Il est important de dire qu’il faut un certain volume de bouillie faite à partir de lait de vache par hectare pour révéler efficacement les bienfaits de ce breuvage contre l’oïdium !!! Mais est-ce révolutionnaire à 100% ??
Employé depuis longtemps par certains BIODYNAMISTES, le lait de vache intéresse un nombre croissant d’exploitants, particulièrement en BIO. Leur objectif étant de limiter les quantités de soufre, voire de s’en passer, toujours dans la lutte contre l’oïdium. Un engouement renforcé par l’autorisation européenne de ce produit comme substance de base, en juillet 2020. Mais qu’en dit la science ?
En 2006, le chercheur australien Peter Crisp publie une première étude d’ampleur, dans laquelle il conclut alors à une efficacité du lait potentiellement équivalente à celle du soufre. L’occasion de mettre en avant deux protéines à l’action antifongique : la lactoperoxydase et la lactoferrine.
En France, en 2009, Nicolas Constant, de l’association Sudvinbio, s’inspire de ces travaux pour mener ses propres essais sur 2 cépages (carignan et chardonnay). Ses conclusions sont plus mitigées. La modalité « lait cru » présente de meilleurs résultats que le témoin non traité, mais ils restent inférieurs aux résultats obtenus avec le lactosérum ou avec le soufre.
« À ce niveau d’efficacité, il était impossible de recommander l’usage du lait aux viticulteurs », se rappelle-t-il encore !!
Si l’utilisation du lait seul contre l’oïdium s’avère risquée, peut-il au moins servir d’adjuvant ? C’est la thèse défendue par PierreHenri Dubuis, de l’Agroscope de Changins, en Suisse. Ses essais, menés en 2014 et 2015 avec du lait écrémé, ont montré que « le lait permet de bien faire coller la bouillie au feuillage, et de la rendre moins sensible au lessivage.
C’est cet effet-là qui est intéressant, plus que l’effet direct. Quant à l’efficacité directe du lait, elle est « petite », selon ce chercheur, « de l’ordre de 30 à 40 % par rapport à un fongicide standard. Donc insuffisante, le plus souvent, pour obtenir une récolte de qualité »
En Champagne, Mr Benoit MUNIER de Cuis (près d’Epernay), travaille ses 1,6 hectares de vigne en Viticulture Raisonnée. Il nous dira : ” En 2019, la Champagne a connu de fortes attaques d’oïdium et plus précisément sur la Côte des Blancs. Avec le soufre, il fallait vraiment resserrer les cadences, l’air était irrespirable, et ça ne fonctionnait pas. J’ai alors décidé d’essayer le lait, couplé avec de l’ail, à 8 l/ha, avec 100 ou 150 litres d’eau. Il ne faut pas trop en mettre pour éviter de développer d’autres champignons.
En alternance avec des applications de soufre, cela m’a permis de contenir la pression de la maladie. Le lait m’intéresse aussi car nous sommes de plus en plus confrontés aux problèmes d’échaudage liés au soufre. Certes, il y a d’autres produits alternatifs, mais le lait est un produit naturel.”
On en boit tous, ça ne peut pas faire ni peur ni mal aux gens, si ça fonctionne, pourquoi ne pas s’en servir ?